lundi 27 avril 2015

Cours de rien - 2


Madame la Ministre,

Je me permets de m'adresser à nouveau à vous. Je vous proposais dans mon dernier courrier ( http://francoisxavierheynen.blogspot.com/…/cours-de-religio… ) d’assurer, à la place des cours de morale ou de religion, les cours de rien, en attendant la création d'un master spécialisé dans le domaine. Il était bien entendu que cette proposition de cours impliquait ma présence en classe. Or, mes enfants m'apprennent aujourd'hui que le cours de rien donnerait lieu (dans leur école au moins) à une dispense et qu’ils seraient de la sorte autorisés à rentrer plus tôt à leur domicile. Mais où donc vont-ils, eux et leurs condisciples, aller réellement ?
Autant j'étais disposé à donner le cours de rien dans une classe, autant l'idée de savoir les élèves en dehors de l'enceinte scolaire durant les cours de rien m'inquiète terriblement. Le cours de rien pourrait-il être donné dans la rue ou à domicile, dans un bar ou une gare, peut-être même dans un temple, une mosquée ou une église ? Dans ces conditions j'espère qu'il ne sera pas donné du tout mais rien ne pourra empêcher qu’il le soit, par exemple, dans un local privé à quelques mètres des établissements officiels. Un rôle essentiel de l'école n'est-il pas d'extraire les enfants de l'emprise des familles et des religions ? Mettre Jésus à la porte de l’école en gardant l'enfant, ce n'est pas la même chose que de garder Jésus dans l'enceinte et de mettre l'élève dehors. J’espère au minimum que vous n’accepterez pas que vos professeurs de religion et de morale donnent ce cours de rien bénévolement, en dehors de leurs heures de service. Ni qu’ils le donnent en étant payés par quelqu’un d’autre que la Communauté Française.
Je vous prie d'agréer, Madame la Ministre, l'expression de ma parfaite considération.PS: Ceci n'est pas vraiment une lettre ouverte.

Cours de Religion - Philosophie - Rien

Madame la Ministre,

Concerne : religion - philosophie - rien

Je souhaite moi aussi exprimer mon choix au sujet de la rentrée prochaine. Je suis titulaire d'une agrégation en sciences religieuses, je peux donc assurer le cours de religion, je suis également titulaire d'un doctorat et d'une agrégation en philosophie, je peux donc prendre en charge un cours de philosophie. Cependant, mon choix se portera sur le cours de rien.
J'imagine que vous organiserez bientôt un cursus pédagogique complet pour former les futurs enseignants de rien. En attendant ce futur "master of nothing", je me sens capable d'assurer la période transitoire. Le rien ne manque pas d'intérêt: si le rien (n'?)était rien, comment pourrait-on le nommer ? Quelle différence entre le rien et le rien du tout ? Quels rapports peut-on établir entre le rien et le zéro? Et si le zéro est bien un rien? Un rien de quoi est-il? Comment distinguer 0 pomme de 0 poire? Bien entendu, je pourrai décliner mon cours en fonction des sections des élèves absents à mon cours. Dans la section habillement, j'ai déjà prévu les grandes lignes d'un cours pratique sur le concept "Un rien l'habille" ( ce cours, pour des raison évidentes de respect mutuel sera exclusivement réservé aux femmes ). Seule restriction à ma proposition d'emploi, je ne souhaite pas me présenter devant les futurs maçons: je préfère renoncer définitivement au cours "La pierre au rien".
En ce qui concerne mon salaire, j'ose espérer une augmentation substantielle. En effet, on ne fait rien pour rien. Et la préparation de tous ces nouveaux cours nécessitera bien sûr un temps conséquent d'adaptation.
Gardant plus que jamais l'envie de transmettre mon savoir aux jeunes générations, et voyant dans ce rien une très belle façon d'y parvenir en respectant les pédagogies actuelles, je souhaite relever ce défi. Lors des prochaines formations, j'irai même jusqu'à proposer une nouvelle compétence transversale: la "compétence 0 : être dans le néant".
Convaincu que cette nouvelle idée et ma proposition de cours retiendront toute votre attention, je vous prie de croire, Madame la Ministre, en l'expression de ma parfaite considération.
PS (et CdH) : ceci n'est en rien une vraie lettre ouverte (ni fermée d'ailleurs).