samedi 4 juillet 2015

Athènes: sortir de la caverne

Athènes: sortir de la caverne


La Grèce, pour un philosophe, ce n'est pas n'importe quel pays. Retour des temps, c'est Athènes qui nous pousse à nouveau à la réflexion. 
On voit ces derniers jours déferler dans les médias deux idéologies qui s'opposent très lourdement. D'une part ceux qui veulent forcer les Grecs à rembourser leur dette, n'hésitant pas à les traiter de menteurs, de profiteurs et de traitres à la cause européenne. 
D'autre part ceux qui en appellent à la souveraineté nationale, voire à l'humanité et à la justice. Avec en toile de fond un argument impitoyable: pourquoi la Grèce devrait-elle rembourser à l'Allemagne alors que cette dernière ne s'est jamais acquittée de sa dette de guerre? 
Derrière cette dualité qui semble, à première vue, indépassable, se cache une question épistémologique: l'économie dit-elle le vrai? Non pas seulement la question politique : peut-on réduire à ce point la vie publique à une conception néo-libérale de l'économie mais aussi : avons-nous oublié que l'économie est une science sociale? Bien entendu, au fil des années, l'économie s'est couverte de formules et de références mathématiques mais elle n'en demeure pas moins pétrie de présupposés et d'hypothèses souvent réductrices (comme celle de l'homo economicus). 
Il ne s'agit pas ici de nier les forces et les pertinences de cette discipline mais simplement de rappeler à certains et aux autres qu'il n'est pas honteux, scandaleux ou idiot de ne pas croire en certaines hypothèses et que ce n'est pas la répétition incessante du même catéchisme qui rend les choses vraies. C'est un effort intense, intellectuel et relationnel, de penser en dehors de son dogme... 
A Athènes, Platon a imaginé le Mythe de la Caverne... il sera particulièrement d'actualité ce dimanche !