vendredi 18 décembre 2015

Laissez-passer pour le Rallye de Wallonie

(Texte publié dans le courrier des lecteurs du quotidien "L'avenir", le 20 décembre 2015 -  Il est une réponse à deux articles précédents qui déclinaient le credo écolo. Je me suis senti concerné par le sujet car il se rapproche de ceux  développés dans mon ouvrage "La Guerre verte ).

Les deux samedis précédents, deux personnes ont écrit dans courrier des lecteurs du quotidien "L'Avenir" pour demander l'interdiction du Rallye de Wallonie au nom de leur credo écologiste. Si le premier, médecin, évoque des préoccupations médicales, le second va plus loin, proposant en plus l'utilisation obligatoire par chaque citoyen d'une carte magnétique mesurant la pollution individuelle.

Je ne suis pas un adepte de sports moteurs. J'ai par contre eu l'occasion de voir mes enfants admirer, je dis bien admirer, des véhicules vrombissants lors d'un rallye local. J'ai aussi pu rencontrer des pilotes, leur équipe technique et leur famille, et j'ai ressenti leur enthousiasme de se lancer dans une aventure qui marque leur vie et participe à leur bonheur. J'ai aussi vu des supporters, des badauds, des commissaires de piste et des secouristes vivre ensemble une expérience humaine, créer du lien social. Faut-il mettre un terme un cela ? Peut-on leur dire d'aller jouer avec une trottinette  alors que, justement, le moteur et la vitesse sont au coeur de leur passion ?

Bien sûr, pour les uns, durant quelques heures le train-train quotidien est secoué et il y a du bruit et de mauvaises odeurs. Quelques heures... par an. Pour les autres, c'est l'aboutissement d'un travail d'équipe, de relations humaines. Ce qu'un rallye crée, c'est du lien social.

Si, à l'extrême limite, il est encore possible d'entendre l'argument de votre premier lecteur, celui qui consiste à dire que la santé est détériorée par le rallye, l'autre argument, par contre, est inquiétant. Il faudrait sauver la "race humaine" en imposant à chaque personne une quantité limitée de pollution. Au début, j'ai cru que ce lecteur était ironique. Mais non: "La gestion et la sauvegarde de
notre planète imposent que nos politiciens limitent les déplacements des gens par des mesures contraignantes imposées à tout le monde."
Je n'ai pas envie de disserter sur cette très belle définition d'un totalitarisme vert. Je le ferais bien mais, vu le tirage papier du journal, mon empreinte carbone risquerait de me faire dépasser mon quota de pollution.

J'aimerais plutôt mentionner la gradation entre les deux arguments. Via le premier argument (la médecine) ou via le deuxième (la "politique"), ce sont toujours la liberté individuelle et la vie en groupe qui sont mises en péril. Ce qui signifie, in fine, que ce qui pose problème à l'écologie, c'est l'homme. S'il n'y avait pas de pilote, il n'y aurait pas de rallye, donc pas de pollution.

Voilà ce sur quoi je voulais attirer l'attention. Oublier que toutes les activités humaines troublent immanquablement l'environnement et faire croire que ce dernier justifierait de bonnes et de mauvaises actions, c'est s'engager sur un chemin dangereux où l'on retrouvera successivement le paternalisme (médical ou pas), le contrôle social (dictatorial ou pas) et la régulation des naissances (selon Malthus ou pas).

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire