vendredi 12 juillet 2019

Un credo plutôt qu'une théorie de la dictature


Un credo plutôt qu'une théorie de la dictature


Dans son nouvel opus, "Théorie de la dictature" Michel Onfray utilise deux oeuvres de Georges Orwell, les célèbres « 1984 » et «La Ferme des Animaux » pour tenter de fonder une théorie de la dictature. Le raisonnement d’Onfray est simple:  Orwell est un véritable génie et ses propos peuvent être tenus pour un traité de pensée politique « A égalité avec Le Prince de Machiavel ou le Discours de la servitude volontaire de La Boétie, le Léviathan de Hobbes ou le Contrat Social de Rousseau » (p.9).  Il est donc normal que les dystopies décrites dans ces deux romans coïncident avec le monde actuel.
Pour Onfray, c’est le cas. Il lui reste alors à associer Big Brother et son mystérieux parti omnipotent à l’Etat maastrichien. 



La « démonstration » peut sembler tentante. Pourtant elle ne présente guère de rigueur.
Il y a d’abord une pétition de principe qui consiste à dire que je considère que tel auteur est vraiment vorace puisque je considère que ce qu’il dit est vrai. Ensuite il est incorrect de dire que notre monde est celui de ces dystopies: il n’y est pas fait référence à l’expansion des religions, au péril écologique et au développement anarchique du consumérisme. Certes il existe de nombreuses similitudes et les nombreuses pages de paraphrase de l’oeuvre orwellienne présentent un certain intérêt. Mais il s’agit avant tout d’un résumé orienté par Onfray pour montrer que notre monde est dirigé par des exploiteurs sans morale et qui écrasent toute forme de rébellion en confisquant la Révolution. Malheureusement en procédant de la sorte, Onfray appauvrit le discours de l’artiste. Et surtout il ne présente aucun regard critique sur Orwell, par exemple à l’aide d’une biographie critique. D’autres interprétations sont certainement possibles de « 1984 », par exemple en considérant que Orwell se savait condamné par la maladie.
Onfray livre aussi des éléments historiques (mais malheureusement sans référence) qui chargent Jean Monnet et François Mitterrand ainsi que, grosso modo, tous ceux qui sont favorables à l’Europe mastrichienne, plus ou moins assimilée à une entité ultra-libérale. Seul le Général de Gaulle trouve grâce aux yeux de Michel Onfray car, en s’opposant aux Américains et en refusant de transformer la France en une province des USA, il a permis aux Français de ne pas sombrer dans le consumérisme, tout en gardant le principe de la nation. La nation est présentée comme un rempart contre l’ultralibéralisme et pas du tout comme une source potentielle de guerre.
L’ultralibéralisme, pour Onfray, conduit aussi l’homme vers le transhumanisme, qui sera réservé aux fortunés et qui signifier l’élimination pure et simple de l’homme. Il est donc bien question de nihilisme et de destruction de l'humanité à des fins commerciales et égoïstes. Ce que Onfray résume par l'expression: "Idéologie libérale-nihiliste". Idéologie que l’auteur exècre, pour ceux qui l’ignoreraient encore.
Dans l’ensemble, « Théorie de la dictature » est construit autour d'un résumé de « 1984 » et de la « Ferme des Animaux » enchâssé dans une diatribe contre l’Union Européenne actuelle.


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